Les montants investis dans les entreprises innovantes sont en constante augmentation depuis 2015. Si les États-Unis demeurent le plus important cluster, l’Europe poursuit sa progression et se place désormais juste derrière l’Asie en termes de montants investis.
La crise du Covid-19 mettra-t-elle un coup d’arrêt à l’engouement des investisseurs ? Au regard des performances enregistrées, les entreprises de la Tech pourraient au contraire profiter de la période pour accélérer leur développement.
Selon les chiffres livrés par le cabinet KPMG, ce sont 225,65 milliards de dollars qui ont été investis en capital-risque dans le monde au cours de l’année 2019.
Pour le premier trimestre 2020, ce montant se porte à 61,06 milliards de dollars. Des chiffres en progression constante qui témoignent de l’engouement des investisseurs pour les entreprises innovantes. Dans le détail, les entreprises américaines constituent à elles seules près de la moitié des investissements alloués (35,3 milliards de dollars levés pour le seul premier trimestre 2020), juste devant l’Asie (16,5 milliards de dollars). L’Europe se place en troisième position avec 8,8 milliards de dollars investis au cours du premier trimestre 2020. Au cours des années, le volume global investi progresse, tandis que le nombre de projets financés recule, signe que le marché devient de plus en plus mature. Les investisseurs se placent ainsi sur des projets en phase de développement avancés et n’hésitent plus à se positionner sur des entreprises prometteuses en investissant d’importants montants.
Un marché en phase de maturité
Au niveau européen, la France se classe en seconde position en termes de montants investis, juste derrière le Royaume-Uni.
Selon le baromètre EY du capital risque en France, pour l’année 2019, 5,03 milliards d’euros ont été levés pour 736 opérations. A nouveau, les volumes investis progressent plus rapidement que le nombre de projets financés : la progression sur un an se porte à 39 % en montant, contre 14 % en volume. Si la French Tech attire les investisseurs, les licornes, c’est à dire les sociétés dont la valorisation est supérieure à 1 milliard de dollars, sont encore rares. On en dénombre actuellement cinq en France : BlaBlaCar, Dataiku, OVHcloud, Doctolib et Content Square. Dans le monde, il existe 300 licornes, dont beaucoup sont situées Outre-Atlantique ; à l’instar d’Uber, de Airbnb, de Zoom, ou encore de Reddit. Parmi elles, beaucoup ont fait leur introduction en Bourse. Ainsi, en 2019, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) représentaient à eux seuls 45 % de la valeur de l’indice NASDAQ. Malgré la débâcle des marchés financiers, l’indice résiste. Après avoir touché un point bas en mars 2020, le Nasdaq a poursuivi son ascension pour dépasser son niveau d’avant crise dès le début de l’été, tandis que, pour le S&P 500, la reprise est moins nette. L’indice est actuellement en deçà de son niveau d’avant crise.
La crise du Covid-19, vecteur d’opportunités pour l’investissement tech
L’engouement pour les entreprises technologiques non cotées, mais en phase de développement se confirme. De fait, les mesures de confinement mises en place afin de lutter contre la propagation du virus ont largement participé à l’accélération de l’usage des outils digitaux. Les entreprises ont ainsi pu constater une augmentation forte des prises de contact par voix numérique.
En première ligne, le secteur bancaire et celui des paiements ; avec notamment une mesure phare instaurée dans 19 pays européens à l’issue du confinement : le passage du plafond de paiement sans contact à 50 euros, contre 20 précédemment. Le paiement dématérialisé a donc le vent en poupe : au mois de juin 2020, Swile, spécialiste de la dématérialisation des tickets restaurants a opéré une levée de fonds de 70 millions d’euros en juin 2020.
Hors hexagone, les fintechs attirent les investisseurs : la néo-banque britannique Revolut s’est ainsi distinguée comme la plus importante levée de fonds opérée par une fintech en Europe avec 500 millions de dollars amassés en février 2020, tandis que sa concurrente allemande N26 totalise 800 millions de dollars de fonds levés depuis sa création (dont 100 millions en mai 2020).
D’autres secteurs sont aujourd’hui particulièrement scrutés par les investisseurs, a l’instar des biotechs, très attendues dans le monde d’après : en France en juin 2020, c’est H4D spécialiste de la télémédecine qui s’est distingué avec une levée de fonds de 15 millions d’euros.
Enfin, les innovations au service de la mobilité repensée ont actuellement le vent en poupe. Dès le mois d’avril 2020, la start-up israélienne Bringg qui a développé une solution d’orchestration des livraisons a opéré une levée de fonds de 30 millions de dollars conclut Julien Foussard.