Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, est aussi l’un des hommes les plus riches du monde. Les choix qu’il a faits, la stratégie déployée, son caractère et sa personnalité en font également l’une des personnalités les plus inspirantes selon Julien Foussard.
Un grand nombre de ses déclarations sont de véritables leçons de vie dans un contexte entrepreneurial. Être en mesure d’analyser les conséquences d’un échec et d’en tirer des leçons est une force pour un entrepreneur.
Comment analyser un échec ? L’expérience de Julien Foussard
Élaborer un projet et monter sa propre entreprise impliquent une prise de risque. Les entrepreneurs sont souvent confrontés à des obstacles et des difficultés qu’ils se doivent de surmonter. Commettre des erreurs est normal et constitue même une opportunité afin d’analyser les points forts et les faiblesses d’une situation et de se dépasser explique l’entrepreneur.
En tant qu’entrepreneur, il est impératif d’affronter les problèmes. Analyser les erreurs et comprendre d’où celles-ci viennent vous permet de progresser sur les plans personnel et professionnel.
Un échec peut être l’occasion d’une remise en question pour comprendre quels sont les points faibles de votre projet et comment vous pouvez les améliorer. Ce type de situation doit également être vu comme une occasion d’apprendre à davantage vous connaître souligne Julien Foussard. Le métier d’entrepreneur n’est pas fait pour tout le monde. Il implique d’être déterminé, persévérant mais également courageux. La prise de risque est certes encouragée dans le milieu professionnel mais elle n’en reste pas moins effrayante et implique un self-control et une prise de recul.
Tâtonner sur un projet et échouer sont des étapes indispensables et normales dans la construction d’un projet. Elles permettent une recherche de solution et poussent à améliorer les choses.
À titre d’exemple, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb était basée sur une erreur de calcul rappelle l’investisseur de même que nombre d’inventions scientifiques.
Dans cette perspective, osez et prenez des risques ! Même si vous vous trompez, vous n’en sortirez que plus fort et enrichi.
L’attitude adoptée face à l’échec doit toutefois être positive. Chercher un coupable, être dans le déni aux niveaux de l’origine de l’erreur et de ses conséquences en pensant que la situation s’améliora d’elle-même ne vous permettront cependant pas de progresser. Pour en faire une leçon, il est primordial d’analyser en toute transparence et humilité, l’origine de cette erreur. Vous pourrez alors en faire un tremplin explique-t-il.
L’erreur est d’ailleurs de plus en plus valorisée au sein de la société et commence même à être perçue comme un droit au sein des entreprises. Le « droit à l’erreur » permettrait d’instaurer une ambiance de travail plus détendue et par corrélation plus productive.
Le droit à l’erreur en entreprise : l’analyse de Julien Foussard
L’erreur et l’échec sont de plus en plus encouragés et valorisés comme opportunité d’apprentissage dans la société.
En entreprise toutefois la culture de la performance et du résultat sont toujours très présentes et peuvent créer des situations de stress et de mal-être pour les employés.
En étant incités à être dans la perspective d’un résultat sans défaut, les professionnels se retrouvent dans une situation dans laquelle ils ont peur d’essayer et ne tentent plus rien.
Certes, se tromper peut entraîner plusieurs conséquences négatives, en termes de budget, de calendrier et d’énergie par exemple. Toutefois, sans prise de risque, l’environnement de travail risque la paralysie. Dans les entreprises où tout est millimétré, les processus de validation longs et complexes peuvent également représenter une perte de temps et d’énergie considérable. L’ensemble des étapes à accomplir peuvent même empêcher la concrétisation d’un projet et avoir un effet négatif sur la motivation et l’humeur de vos salariés ajoute Julien Foussard.
Dans cette optique, il semble donc plus avantageux d’inciter à la prise de risque de vos collaborateurs et de leur attribuer un « droit à l’erreur ». Cela permettra d’encourager leur imagination, leur créativité et leur productivité. De plus, afin que l’erreur profite à tous, en terme de formation et d’apprentissage, la culture du partage et de la collaboration doit être encouragée. L’entraide et l’intelligence collective sont les meilleurs moyens pour avoir de nouvelles idées et faire évoluer un projet dans le bon sens.
Bien entendu, le droit à l’erreur ne doit pas vous empêcher, vous ou vos collaborateurs, à anticiper les risques en amont et analyser les échecs potentiels. Chacun doit s’efforcer de redoubler d’attention, de motivation et de détermination au moment du lancement d’un projet afin que celui-ci rencontre le succès escompté note Julien Foussard.
La différence entre la France et les Etats-Unis analysée par Julien Foussard
Levier de dynamisation, il est donc grand temps de faire évoluer le rapport à l’erreur. Pour en revenir à Bill Gates, il disait d’ailleurs que « la seule chose qui freine l’innovation en France, c’est la peur de l’échec » rappelle Julien Foussard.
Le contexte français relatif à l’erreur est très particulier. Si aux États-Unis l’échec est associé à une expérience positive et formatrice à afficher sur un curriculum vitae, en France elle est considérée comme honteuse. En Californie, il n’est d’ailleurs pas rare de demander à un candidat lors d’un entretien d’embauche quelle est son expérience de l’échec. Avoir échoué signifie avoir innové et c’est cette dimension qui est intéressante souligne l’entrepreneur. Embaucher quelqu’un qui a un parcours sans faute et n’est jamais sorti du droit chemin signifie aussi que vous recrutez une personne peu encline à la prise de risque et à la disruption.
L’aversion à l’échec a d’ailleurs été citée à plusieurs reprises comme la cause de l’absence d’une Silicon Valley en France. Lorsque François Mitterrand interroge en 1984 Steve Jobs sur le sujet, celui-ci lui répond sans hésitation « En Europe, l’échec c’est très grave, si vous ratez quelque chose à la sortie de l’université cela vous poursuit toute votre vie, alors qu’à Silicon Valley on passe son temps à échouer. »
La perception française de l’échec découle de plusieurs facteurs et en premier lieu de l’éducation et du parcours scolaire au cours duquel les erreurs sont réprimées à travers une mauvaise notation. Du côté des États-Unis au contraire, l’erreur est considérée comme une étape préliminaire indispensable à la réussite puisqu’elle est associée à l’expérience et à la connaissance. Il faut également souligner le fait qu’en France, le succès et la réussite sont mal acceptés et tabous, provoquant méfiance et jalousie. Ainsi, le fait d’essayer de réussir et d’échouer est tout aussi mal vu, cela va de pair conclut Julien Foussard.